mardi 13 décembre 2011

Etre « réseaux sociaux » ou ne pas être ? Telle n’est pas la question.

Les réseaux sociaux, c’est comme un investissement : plus il y a de risque, plus on a de chance de gagner gros.

Les entreprises du CAC 40 ne semblent pas encore prêtes à miser leur chemise. Elles préfèrent se cacher derrière leurs marques célèbres plutôt que de s’engager dans une communication corporate.

Ainsi, France Telecom investit les réseaux sociaux via sa marque Orange qui a ainsi pu mettre au monde une communauté de 260 000 fans sur Facebook au moyen de diverses opérations : par exemple, un quizz sur son nouveau mode de paiement en ligne, Buyster.

Les réseaux sociaux comme canaux de diffusion

Le premier pas vers les réseaux sociaux se matérialise généralement dans la gestion des RH comme le fait Renault avec LinkedIn, pour recruter des candidats. Pour le reste, les entreprises passent à peine marquer leur territoire pour l’abandonner ensuite aux voix des internautes. Ainsi, la page Facebook de la Société Générale n’est qu’une reproduction de sa description sur Wikipédia, aucune autre publication n’y figure. Lakschmi Mittal, président d’ArcelorMittal, a twitté trois fois, et le compte Twitter d’Areva compte à peine 200 messages. Cette simple diffusion d’information maintient les risques à bas niveau…

Discussion de sourds

…et explique le faible engagement communautaire, qui se mesure par le taux de réaction de la communauté aux publications de l’entreprise relativement à sa taille. Cette diffusion à sens unique exclue toute discussion. D’ailleurs, seulement 12 entreprises sur 40 ont ouvert leur mur au public.

Des opportunités à risque ?

Certains passent alors au niveau supérieur, près à courir le risque : le potentiel des réseaux sociaux est enfin optimisé, l’interaction est là. Coca-cola, Nike et Starbucks développe de nouveaux produits en échangeant avec leur communauté. Un mélange de Web 2.0. et de Do It Yourself explosif. La BNP Paribas met en place un fil Twitter de service après-vente, Volkswagen propose de gagner une voiture en votant pour un de ses deux nouveaux modèles sur sa page Facebook. Enfin, on y est !

Bad Buzz

Et d’autres se cassent la figure, pensant être toujours à l’heure de la maîtrise de la communication corporate et refusant de communiquer avec les principaux intéressés : leurs clients. Nestlé restera ainsi peut être gravé dans les cas d’école. En mars 2010, Greenpeace dénonce l’exploitation sauvage de l’huile de palme qui cause la déforestation en Indonésie, en parodiant un spot publicitaire sur les barres chocolatées Kit Kat. La vidéo faisant un buzz sur le web, Nestlé attaque Greenpeace et exige son retrait. Les internautes y mettent alors leur grain de sel pour défendre l’habitat des orangs-outans : ils viralisent la vidéo, et envoient des milliers de messages au PDG, mobilisés par Greenpeace sur Facebook et Twitter.

Ces bad buzz en effraie plus d’un, d’autant plus pour les entreprises qui opèrent sur un secteur sensible. Areva redoute ainsi le débat public sur l’atome. BNP Paribas paie les frais de la mauvaise réputation des banques.

Seuls contre tous

Les internautes aiment participer, donner leur avis et s’exprimer. On leur a retiré ce droit pendant 30 ans ; on leur offre maintenant la possibilité de crier haut et fort ce qu’ils pensent. L’avantage c’est qu’un investissement minime d’une entreprise suffit pour être récompensé par un accroissement significatif de la communauté, et finalement un renforcement de son image. L’inconvénient, c’est cette communication non maîtrisée qui représente le grand méchant loup des groupes. De toute façon, on ne leur demande pas leur avis. Si aucune page Facebook n’a été créée, les internautes se feront une joie d’en créer une spécialement pour la polémique. Alors autant préparer le terrain pour mieux mener la bataille.

Enfin, que cela rassure les entreprises : même dans les pires moments il y a toujours des personnes pour adresser des messages de soutien, comme on a pu le voir avec le cas de Quick qui a su créer une relation riche avec sa communa

Les entreprises du CAC 40 font la moue aux réseaux sociaux

Si les internautes parlent dans le dos des entreprises, c’est seulement parce qu’elles refusent de discuter en face à face via les réseaux sociaux…

Cette étude menée par Augure part d’un constat : les réseaux sociaux seraient de plus en plus utilisés par les internautes pour échanger sur les entreprises et leurs dirigeants selon un sondage TNS Sofres, qui conclue que le « lien entre la marque corporate et la marque commerciale va se renforcer de plus en plus sur les réseaux sociaux ». Augure s’interroge alors sur le comportement des 40 entreprises du CAC sur ces réseaux pour leur communication corporate (sur les valeurs de l’entreprise et la gestion de sa réputation, si vous préférez).

Méthodologie

Etude réalisée entre août et septembre 2011, sur les 40 entreprises du CAC, sur 4 réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn et YouTube), selon 4 critères :

- Présence : nombre de comptes créés, ouverture au public, taille des communautés

- Activité : fréquence de publication

- Variété des pratiques : publications liées à l’actualité, aux ressources humaines, au suivi client, etc.

- Succès : taille des communautés et taux de réaction aux publications de l’entreprise

Synthèse

- Les comptes de marques sont privilégiés aux comptes d’entreprise sur les réseaux sociaux.

- Les entreprises adoptent divers comportements face aux réseaux sociaux, acceptant plus ou moins le risque lié à l’interaction avec le public.

- Les internautes apprécient de pouvoir donner leur avis et produisent ainsi beaucoup plus de contenus que les entreprises qui font l’objet de ces discussions.

- Il suffit qu’une entreprise fasse un effort d’interaction avec son public pour que cela élargisse de manière concomitante sa communauté.

- Twitter et LinkedIn sont les réseaux les plus utilisés, la diffusion d’information et la gestion des RH étant les activités principales des entreprises sur les réseaux sociaux. Facebook reste à la marge, offrant davantage de liberté et de visibilité aux interactions.

- Même si certaines entreprises ouvrent leurs murs aux internautes, le nombre de réactions à leurs publications reste encore trop faible.

En savoir plus

http://www.augure-corp.fr/default.aspx?ID=27&TITLE=Communication+Corporate+CAC40+reseaux+sociaux

http://www.slideshare.net/AugureReputation/communication-corporate-cac40reseauxsociaux?from=ss_embed

La rumeur gronde

Si les investisseurs se fient aux rumeurs, internet risque de devenir un média sensible pour les entreprises cotées en bourse au CAC 40. En réalité, toutes les parties prenantes ont tout intérêt à écouter Monsieur Web le prophète, mix et fusion des voix de ceux qui font finalement tourner la machine.

Parlez donc ! On vous écoute…

Le problème réside dans le fait que les internautes s’expriment à propos des entreprises beaucoup plus que les entreprises ne produisent elles-mêmes de contenus. En effet, les données TNS Soffres indiquent que 8 entreprises du CAC font l’objet de 350 à 1900 tweets par jour (19 autres entre 100 et 300 seulement), alors que les entreprises produisent 2,3 tweets quotidiens en moyenne (et aucun pour 14 entreprises sur 40). Pas mieux pour Facebook : une mise à jour Facebook par semaine en moyenne, aucune pour 32 entreprises sur 40.

Les entreprises jouent à cache-cache

On est alors en droit de se demander : mais que font les entreprises ? Elles privilégient d’un côté LinkedIn, pour la gestion de leurs ressources humaines et des relations au sein de l’entreprise, et Twitter pour la diffusion de l’information. Facebook est réservé à leurs comptes marques, ou devient une simple page sur l’entreprise avec une copie de leur description trouvée sur Wikipédia.

Une réputation servie sur un plateau

Alors qu’il a été observé que la taille de la communauté était directement liée au nombre d’interactions de l’entreprise avec son public, les grands du CAC 40 semblent toujours terrifiés à l’idée de devoir s’adresser directement à ceux qui peuvent les sauver en cas de coup dur. Ces potentiels ambassadeurs ne demandent qu’à être sollicités : quoiqu’il en soit, ils n’ont pas attendu d’avoir la permission pour donner leur avis sur la toile. Paralysées par la peur de perdre le contrôle de leur communication avec l’utilisation des réseaux sociaux, ces entreprises ne se rendent pas compte qu’elles encourent un risque encore plus grand en faisant l’autruche : n’avoir aucune visibilité sur leur réputation formée sur le web seulement par les discussions des internautes, sur les forums, les groupes, ou encore Twitter.

L’allégorie de la caverne de Platon

Si les entreprises savent qu’elles doivent être transparentes pour inspirer confiance, elles ne semblent pas croire au fait que la plupart des publications des internautes sont bienveillantes (26% positif, 20% négatif et 52% en neutre, selon l’étude TNS Soffres).

On n’a alors plus qu’une seule envie : aller les prendre par la main pour les aider à faire le grand saut.

Débat

A l’heure où la RSE et l’e-réputation sont devenues des formules magiques, pourquoi les entreprises préfèrent « faire l’autruche » plutôt que de rassurer les parties prenantes en assumant les remarques de leurs clients ?

N’est-ce qu’un effet de mode ou peut-on espérer que les réseaux sociaux deviennent « l’assistance téléphonique/place publique » incontournable des entreprises ?

Selon vous ? Le débat (et autres questions possibles) est ouvert !